Atelier pédagogique avec le Mémorial de la Shoah hors les murs

Mardi 20 et mercredi 21 février, 3 classes de 3ème ont participé à un atelier pédagogique organisé par le Mémorial de la Shoah.  Ludovic Fresse est venu travailler avec les élèves sur le thème des Jeux Olympiques de Berlin à Auschwitz.

Le sport peut être perçu comme un “défouloir”, solidaire quand il est collectif, dépassement de soi,  mais il peut être également un terrible outil politique.  

 

Dès les grands meetings  de 1933, organisés pour s’adresser aux adolescents des jeunesses hitlériennes  (crées en 1922 et rendues obligatoires en 1936), Hitler exaltait les jeunes allemands  à s’endurcir, à être forts. Ce discours s’accompagnait dans les écoles d’une discipline sportive exacerbée  : jusqu’à 10h  de sport hebdomadaire. Mais pas n’importe quels sports : la boxe ( sport de combat), l’athlétisme (sport de performance pure) étaient davantage valorisés au détriment des sports collectifs ( comme le football par exemple). Il s’agissait de former de futurs hommes forts, endurants, et de développer les qualités physiques et mentales de futurs soldats fin prêts à se battre.

 

En s’appuyant sur la chronologie – occasion de réviser leurs cours d’histoire-  les élèves ont compris comment Hitler, alors Chancelier, aidé de Goebbels, avaient saisi l’opportunité de faire des jeux Olympiques ( attribués par le CIO en 1931 à la République de Weimar )  un formidable outil de propagande politique afin d’impressionner et de rassurer l’opinion mondiale.

 

Ce pari fut gagné. Les témoignages sont nombreux pour célébrer la qualité de l’organisation allemande et l’accueil sympathique qui était réservé aux athlètes des 51  nations représentées. Malgré les appels au boycott du régime hitlérien, malgré la tentative espagnole d’organiser des “Olympiades populaires” ( tentative avortée par le début de la guerre civile d’Espagne le 16 juillet 1936), l’événement fut un succès  politique et sportif : L’Allemagne engrangeant 89 médailles (dont 33 en or). Le triomphe d’Hitler aurait été total sans compter la présence de l’incroyable Jesse Owens, qui remporta à lui seul 4 médailles d’or (Saut en longueur, 100 mètres, 200 mètres puis relais 4 × 100 mètres)et établi un nouveau record du monde en 200m.

Ce fut aussi l’occasion le destins de sportifs moins connus tel Alfred Nakache, le nageur vedette de l’équipe de natation française en 1936, qui sera déporté, parce que juif ( sans doute dénoncé par un autre nageur français rival) avec  sa famille en 1943 à Auschwitz. Fait incroyable, durant sa déportation, il continua à nager – au péril de sa vie- durant l’été 43 dans les réserves d’eau du camp de Muna (Auschwitz 3) avec la complicité des autres déportés qui le soustrayaient  à la surveillance des Kapos nazis. Acte insensé ? Mais surtout moyen de rester un homme, de résister coûte que coûte à l’entreprise inexorable de destruction menée par les nazis.  Alfred Nakache survivra à la déportation,  mais ni sa femme Paule et ni sa petite fille, Annie.  Il continuera à nager, participant dans l’équipe de Water Polo aux Jeux olympiques de Londres en 1948. Il nagera jusqu’à sa mort,  survenue lors d’une crise cardiaque en pleine mer…

Merci à Ludovic Fresse pour  cette intervention qui a captivé les élèves et merci au Mémorial de la Shoah de permettre aux collégiens de Province de bénéficier de leurs ateliers pédagogiques.

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